Je fais [souvent]1 ce rêve étrange et pénétrant D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime, Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend. Car elle me comprend, et mon cœur, transparent Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant. Est-elle [brune, blonde]2 ou rousse ? — Je l'ignore. Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore Comme ceux des aimés que la Vie exila. Son regard est pareil au regard des statues, Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
Quatre mélodies pour chant et piano , opus 52
by Bruno Gousset (b. 1958)
1. Un rêve  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), "Mon rêve familier", appears in Poèmes saturniens, in 1. Melancholia, no. 6, Paris, Alphonse Lemerre, first published 1866
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Peter Low) , "My familiar dream", copyright © 2000, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Bergen Weeks Applegate) , "My Familiar Dream", appears in Poems Saturnine, in 1. Melancholia, no. 6
- ITA Italian (Italiano) (Ignazio Giacona) , "Il mio sogno familiare", copyright © 2010, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Paul Verlaine, Poëmes saturniens, Paris: Alphonse Lemerre, 1866, pages 23-24.
1 Bosmans: "parfois"2 Bosmans: "blonde, brune"
2. Je ne sais pourquoi  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Je ne sais pourquoi Mon esprit amer D'une aile inquiète et folle, vole sur la mer, Tout ce qui m'est cher, D'une aile d'effroi Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ? Mouette à l'essor mélancolique. Elle suit la vague, ma pensée, À tous les vents du ciel balancée Et biaisant quand la marée oblique, Mouette à l'essor mélancolique. Ivre de soleil Et de liberté, Un instinct la guide à travers cette immensité. La brise d'été Sur le flot vermeil Doucement la porte en un tiède demi-sommeil. Parfois si tristement elle crie Qu'elle alarme au lointain le pilote Puis au gré du vent se livre et flotte Et plonge, et l'aile toute meurtrie Revole, et puis si tristement crie ! Je ne sais pourquoi Mon esprit amer D'une aile inquiète et folle vole sur la mer. Tout ce qui m'est cher, D'une aile d'effroi Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ?
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), no title, appears in Sagesse, in Sagesse III, no. 7
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
3. Le vent triste  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
À Henri Ghéon. Le vent triste souffle dans le parc, comme dans un livre que je lus enfant, où une écolière perdue était hagarde. Le vent. Il va casser, peut-être, le tulipier. Il fait voir le dessous des feuilles blanc du vernis du Japon qu’il semble essuyer, Le vent. Le baromètre est descendu subitement. Peut-être que ça va être un ouragan. Il ne peut pas pleuvoir, mais on entend Le vent. Dans les livres de prix, monsieur et madame d’Arvan reviendraient en pressant le pas chez eux, vers un château tout bleu malgré le mauvais temps. Le vent. Sortez de ma tête, ô manoirs moisissants où devaient se passer d’étranges adultères, par les temps tristes, en Angleterre. Le vent. Sortez de ma tête, gentilles écolières qui jouiez à cache-cache dans la clairière et reveniez vers le grenier sombre, à cause du grand vent. Sortez de ma tête, vieux marquis des villes qui, dans les maisons pluvieuses, lisiez Virgile dans des fauteuils à oreillettes, par des temps de vent. Sors de ma tête, ma douce tristesse, et va-t’en vers le coteau fané, va-t’en où va, sur un air un peu Chateaubriand, le vent.
Text Authorship:
- by Francis Jammes (1868 - 1938), "Le vent triste", appears in De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir , Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1898
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4. Floréal  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Les deux amants, sous la nue, Songent, charmants et vermeils... — L'immensité continue Ses semailles de soleils. À travers le ciel sonore, Tandis que, du haut des nuits, Pleuvent, poussière d'aurore, Les astres épanouis, Tant de feux tombants qui perce Le zénith vaste et bruni, Braise énorme que disperse L'encensoir de l'infini ; En bas, parmi la rosée, Étalant l'arum, l'oeillet, La pervenche, la pensée, Le lys, lueur de juillet, De brume à demi noyée, Au centre de la forêt, La prairie est déployée, Et frissonne, et l'on dirait Que la terre, sous les voiles Des grands bois mouillés de pleurs, Pour recevoir les étoiles Tend son tablier de fleurs.
Text Authorship:
- by Victor Hugo (1802 - 1885), no title, written 1859, appears in Chansons des rues et des bois, in 1. Jeunesse, in 3. Pour Jeanne seule, in 7. Les étoiles filantes, no. 3
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