Du temps que la Nature en sa verve puissante Concevait chaque jour des enfants monstrueux, J’eusse aimé vivre auprès d’une jeune géante, Comme aux pieds d’une reine un chat voluptueux. J’eusse aimé voir son corps fleurir avec son âme Et grandir librement dans ses terribles jeux ; Deviner si son cœur couve une sombre flamme Aux humides brouillards qui nagent dans ses yeux ; Parcourir à loisir ses magnifiques formes ; Ramper sur le versant de ses genoux énormes, Et parfois en été, quand les soleils malsains, Lasse, la font s’étendre à travers la campagne, Dormir nonchalamment à l’ombre de ses seins, Comme un hameau paisible au pied d’une montagne.
Six Morceaux caractéristiques
by (Alexandre) Charles Lecocq (1832 - 1918)
2. La Géante  [sung text not yet checked]
Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), "La Géante", appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 19, first published 1857
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Confirmed with Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Poulet-Malassis et de Broise, 1861, pages 46-47. Note: in this edition, the poem is number 19, but it is number 20 in the 1868 edition. The poem first appeared in La Revue française, April 20, 1857.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
4. L'Invitation au voyage  [sung text not yet checked]
Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble ; -- Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux Brillant à travers leurs larmes. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Des meubles luisants, Polis par les ans Décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l'ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait À l'âme en secret Sa douce langue natale. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l'humeur est vagabonde ; C'est pour assouvir Ton moindre désir Qu'ils viennent du bout du monde. -- Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D'hyacinthe et d'or ; -- Le monde s'endort Dans une chaude lumière. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), "L'Invitation au Voyage", appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 53, Paris, Bureau de la Revue des Deux Mondes, first published 1855
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Vrchlický) , "Vyzvání na cestu"
- DUT Dutch (Nederlands) (Marike Lindhout) , "De Uitnodiging voor de Reis", copyright © 2007, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Peter Low) , "Invitation to the voyage", copyright © 2000, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Cyril Meir Scott) , "Invitation to a Journey", appears in The Flowers of Evil, London, Elkin Mathews, first published 1909
- GER German (Deutsch) (Nele Gramß) , "Einladung zur Reise", copyright ©, (re)printed on this website with kind permission
- ITA Italian (Italiano) (Ferdinando Albeggiani) , "Invito al viaggio", copyright © 2006, (re)printed on this website with kind permission
- SPA Spanish (Español) (Juan Henríquez Concepción) , "La invitación al viaje", copyright © 2008, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Revue des Deux Mondes, seconde série de la nouvelle période, tome dixième, Les Fleurs du mal, Paris: Bureau de la Revue des Deux Mondes, 1855, pages 1087-1088. Also confirmed with Les Fleurs du mal, Spleen et Idéal, Paris: Poulet-Malassis et de Broise, 1857, pages 115-117. Punctuation and formatting follows 1855 edition.
First published in Revue des Deux Mondes, seconde série de la nouvelle période, tome dixième, 1855. Also appears in Les Fleurs du mal as number 49 in the 1857 edition and 53 or 54 in subsequent editions.
Note: The spelling "luisans" in the 1855 edition is changed to "luisants" in line 17.
Research team for this page: Nicolas Gounin [Guest Editor] , Poom Andrew Pipatjarasgit [Guest Editor]
5. Le Goût du néant  [sung text not yet checked]
Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte, L’Espoir, dont l’éperon attisait ton ardeur, Ne veut plus t’enfourcher ! Couche-toi sans pudeur, Vieux cheval dont le pied à chaque obstacle butte. Résigne-toi, mon cœur ; dors ton sommeil de brute. Esprit vaincu, fourbu ! Pour toi, vieux maraudeur, L’amour n’a plus de goût, non plus que la dispute ; Adieu donc, chants du cuivre et soupirs de la flûte ! Plaisirs, ne tentez plus un cœur sombre et boudeur ! Le Printemps adorable a perdu son odeur ! Et le Temps m’engloutit minute par minute, Comme la neige immense un corps pris de roideur ; Je contemple d’en haut le globe en sa rondeur Et je n’y cherche plus l’abri d’une cahute. Avalanche, veux-tu m’emporter dans ta chute ?
Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), "Le Goût du néant", appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 80, first published 1859
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Confirmed with Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Poulet-Malassis et de Broise, 1861, pages 180-181. Note: in this edition, the poem is number 80, but it is number 82 in the 1868 edition. The poem first appeared in La Revue française, January 20, 1859.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]