Ô la splendeur de notre joie Tissée en or dans l'air de soie ! Voici la maison douce et son pignon léger, Et le jardin et le verger. Voici le banc, sous les pommiers D'où s'effeuille le printemps blanc, A pétales frôlants et lents. Voici des vols de lumineux ramiers Planant, ainsi que des présages, Dans le ciel clair du paysage Voici, pareils à des baisers tombés sur terre De la bouche du frêle azur, Deux bleus étangs simples et purs, Bordés naïvement de fleurs involontaires. Ô la splendeur de notre joie et de nous-mêmes, En ce jardin où nous vivons de nos emblèmes.
Les heures claires, les heures d'après midi, les heures du soir
by Irène Fuerison (1875 - 1931)
1. Les heures claires  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Émile Verhaeren (1855 - 1916), no title, written 1896, appears in Les heures claires, no. 1, Bruxelles (Brussels), Éd. Edmond Deman, first published 1896
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]2. Les heures claires  [sung text not yet checked]
Dis-moi, ma simple et ma tranquille amie, Dis, combien l'absence, même d'un jour, Attriste et attise l'amour , Et le réveille, en ses brûlures endormies ? Je m'en vais au-devant de ceux Qui reviennent des lointains merveilleux Où, dès l'aube, tu es allée ; Je m'assieds sous un arbre, au détour de l'allée ; Et, sur la route, épiant leur venue, Je regarde et regarde, avec ferveur, leurs yeux Encor clairs de t'avoir vue. Et je voudrais baiser leurs doigts qui t'ont touchée, Et leur crier des mots qu'ils ne comprendraient pas, Et j'écoute longtemps se cadencer leur pas Vers l'ombre où les vieux soirs tiennent la nuit penchée.
Text Authorship:
- by Émile Verhaeren (1855 - 1916), no title, written 1896, appears in Les heures claires, no. 20, Bruxelles (Brussels), Éd. Edmond Deman, first published 1896
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]3. Les heures d'après‑midi  [sung text not yet checked]
Ardeur des sens, ardeur des cœurs, ardeur des âmes, Vains mots créés par ceux qui diminuent l'amour ; Soleil, tu ne distingues pas d'entre tes flammes Celles du soir, de l'aube ou du midi des jours. Tu marches aveuglé par ta propre lumière, Dans le torride azur, sous les grands cieux cintrés, Ne sachant rien, sinon que ta force est plénière Et que ton feu travaille aux mystères sacrés. Car aimer, c'est agir et s'exalter sans trêve ; O toi, dont la douceur baigne mon cœur altier, A quoi bon soupeser l'or pur de notre rêve ? Je t'aime tout entière, avec mon être entier.
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- by Émile Verhaeren (1855 - 1916), no title, written 1905, appears in Les heures d'après-midi, no. 27
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]4. Les heures d'après‑midi  [sung text not yet checked]
Vous m'avez dit, tel soir, des paroles si belles Que sans doute les fleurs, qui se penchaient vers nous, Soudain nous ont aimés et que l'une d'entre elles, Pour nous toucher tous deux, tomba sur nos genoux. Vous me parliez des temps prochains où nos années, Comme des fruits trop mûrs, se laisseraient cueillir ; Comment éclaterait le glas des destinées, Comment on s'aimerait, en se sentant vieillir. Votre voix m'enlaçait comme une chère étreinte, Et votre coeur brûlait si tranquillement beau Qu'en ce moment, j'aurais pu voir s'ouvrir sans crainte Les tortueux chemins qui vont vers le tombeau.
Text Authorship:
- by Émile Verhaeren (1855 - 1916), no title, appears in Les heures d'après-midi, no. 29, first published 1905
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CAT Catalan (Català) (Salvador Pila) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Peter Low) , copyright © 2018, (re)printed on this website with kind permission
5. Les heures du soir  [sung text not yet checked]
Avec mes vieilles mains de ton front rapprochées J'écarte tes cheveux et je baise, ce soir, Pendant ton bref sommeil au bord de l'âtre noir La ferveur de tes yeux, sous tes longs cils cachée. Oh ! la bonne tendresse en cette fin de jour ! Mes yeux suivent les ans dont l'existence est faite Et tout à coup ta vie y parait si parfaite Qu'un émouvant respect attendrit mon amour. Et comme au temps où tu m'étais la fiancée L'ardeur me vient encor de tomber à genoux Et de toucher la place où bat ton cœur si doux Avec des doigts aussi chastes que mes pensées.
Text Authorship:
- by Émile Verhaeren (1855 - 1916), no title, written 1911, appears in Les heures du soir, no. 21
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]6. Les heures du soir  [sung text not yet checked]
Lorsque tu fermeras mes yeux à la lumière, Baise-les longuement, car ils t'auront donné Tout ce qui peut tenir d'amour passionné Dans le dernier regard de leur ferveur dernière. Sous l'immobile éclat du funèbre flambeau, Penche vers leur adieu ton triste et beau visage Pour que s'imprime et dure en eux la seule image Qu'ils garderont dans le tombeau. Et que je sente, avant que le cercueil se cloue, Sur le lit pur et blanc se rejoindre nos mains Et que près de mon front sur les pâles coussins Une suprême fois se repose ta joue. Et qu'après je m'en aille au loin avec mon cœur, Qui te conservera une flamme si forte Que même à travers la terre compacte et morte Les autres morts en sentiront l'ardeur !
Text Authorship:
- by Émile Verhaeren (1855 - 1916), no title, appears in Les heures du soir, no. 26
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