Nous sommes les Ingénues Aux bandeaux plats, à l'œil bleu, Qui vivons, presque inconnues, Dans les romans qu'on lit peu. Nous allons entrelacées, Et le jour n'est pas plus pur Que le fond de nos pensées, Et nos rêves sont d'azur ; Et nous courons par les [prées]1, Et rions et babillons Des aubes jusqu'aux vesprées, Et chassons aux papillons ; Et des chapeaux de bergères Défendent notre fraîcheur, Et nos robes — si légères — Sont d'une extrême blancheur ; Les Richelieux, les Caussades Et les chevaliers Faublas Nous prodiguent les œillades, Les saluts et les « hélas ! » Mais en vain, et leurs mimiques Se viennent casser le nez Devant les plis ironiques De nos jupons détournées ; Et notre candeur se raille Des imaginations De ces [raseurs]1 de muraille, Bien que parfois nous sentions Battre nos cœurs sous nos mantes À des pensers clandestins. En nous sachant les amantes Futures des libertins.
Quatre mélodies , opus 22
by Charles Koechlin (1867 - 1950)
Translations available for the entire opus: ENG
1. La chanson des Ingénues  [sung text checked 1 time]
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), "La chanson des Ingénues", appears in Poèmes saturniens, in 4. Caprices, no. 3, Paris, Alphonse Lemerre, first published 1866
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Peter Low) , copyright © 2019, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Bergen Weeks Applegate) , "Song of the Ingénues", appears in Poems Saturnine, in 4. Caprices, no. 3
Confirmed with Paul Verlaine, Poëmes saturniens, Paris: Alphonse Lemerre, 1866, pages 69-71.
1 Koechlin, Loeffler: "près"; some editions: "prés"1 Koechlin: "rôdeurs"
2. Novembre  [sung text checked 1 time]
Novembre approche, -- et c'est le mois charmant Où, devinant ton âme à ton sourire, Je me suis pris à t'aimer vaguement, Sans rien dire. Novembre approche, -- ah! nous étions enfants, Mais notre amour fut beau comme un poème, -- Comme l'on fait des rêves triomphants, Lorsqu'on aime! -- Novembre approche, -- [assis au coin du feu, Malade et seul,]1 j'ai songé tout à l'heure A cet hiver où je croyais en Dieu, Et je pleure. Novembre approche, -- et c'est le mois béni Où tous les morts ont des fleurs sur leur pierre, Et moi je porte à mon rêve fini Sa prière.
Text Authorship:
- by Paul Bourget (1852 - 1935), "Præterita", appears in La vie inquiète, in 1. Au bord de la mer
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Sharon Krebs) , "November", copyright © 2008, (re)printed on this website with kind permission
3. Mon rêve familier  [sung text checked 1 time]
Je fais [souvent]1 ce rêve étrange et pénétrant D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime, Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend. Car elle me comprend, et mon cœur, transparent Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant. Est-elle [brune, blonde]2 ou rousse ? — Je l'ignore. Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore Comme ceux des aimés que la Vie exila. Son regard est pareil au regard des statues, Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), "Mon rêve familier", appears in Poèmes saturniens, in 1. Melancholia, no. 6, Paris, Alphonse Lemerre, first published 1866
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Peter Low) , "My familiar dream", copyright © 2000, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Bergen Weeks Applegate) , "My Familiar Dream", appears in Poems Saturnine, in 1. Melancholia, no. 6
- ITA Italian (Italiano) (Ignazio Giacona) , "Il mio sogno familiare", copyright © 2010, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Paul Verlaine, Poëmes saturniens, Paris: Alphonse Lemerre, 1866, pages 23-24.
1 Bosmans: "parfois"2 Bosmans: "blonde, brune"
4. Il pleure dans mon cœur  [sung text checked 1 time]
Il [pleure]1 dans mon cœur Comme il pleut sur la ville ; Quelle est cette langueur Qui pénètre mon cœur ? Ô bruit doux de la pluie, Par terre et sur les toits ! Pour un cœur qui s'ennuie, Ô le [chant]2 de la pluie ! Il pleure sans raison Dans [ce]3 cœur qui s'écœure. Quoi ! nulle trahison ? ... [Ce]4 deuil est sans raison. C'est bien la pire peine, De ne savoir pourquoi... Sans amour et sans haine Mon cœur a tant de peine !
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), no title, appears in Romances sans paroles, in Ariettes oubliées, no. 3, Sens, Typographie de Maurice L'Hermite, first published 1874
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CAT Catalan (Català) [singable] (Núria Colomer) , copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission
- DUT Dutch (Nederlands) (Lidy van Noordenburg) , copyright © 2023, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Peter Low) , "There is weeping in my heart", copyright © 2000, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Thomas Ang) , "In my heart it weeps", copyright © 2010, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Bertram Kottmann) , "Es weint in meinem Herzen", copyright © 2005, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Pierre Mathé) , "Es weint in meinem Herz", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
- SPA Spanish (Español) (Elisa Rapado) , copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission
1 Rostand: "pleut"
2 Debussy: "bruit"
3 Fauré, Rostand: "mon"; Madetoja: "le"
4 Fauré, Rostand: "Mon"